Partie 1 : Son enfance et ses débuts en tant que joueur pro.
Du haut de ses 2 mètres (ou presque), le « géant de Chimay » a été le chef de file d’une génération que l’on peut qualifier de « peu glorieuse » dans l’Histoire du football belge.
On peut même dire que sa carrière personnelle a évolué de manière inversement proportionnelle aux résultats des Diables Rouges. Une carrière tout aussi exceptionnelle que ne l’est sa morphologie, ou sa finition devant le but adverse en tant que défenseur central.
Papa de deux filles et d’un petit garçon, il est lui-même le fils de l’ancien catcheur « Franz », un compétiteur hors pair qui a réussi à inculquer une mentalité de champion à ses deux enfants Alain et Daniel.
Lorsqu'ils jouaient ensemble dans le jardin, c’est toujours Daniel qui devait aller au goal, sinon son père et son frère tapaient dans le but vide et laissaient chaque fois le petit Daniel aller rechercher le ballon dans les filets.
En club, il a longtemps hésité entre le poste de gardien et celui d’attaquant, mais Daniel n’était pas très grand étant jeune, ce qui le poussa à faire ses débuts en tant qu’avant-centre. S’il avait su qu’il mesurerait 1m96 à l’âge adulte, il reconnait qu’il aurait sans doute privilégié un poste de gardien de but. D’ailleurs, son joueur préféré, c’était Michel Preud’Homme...
A l’école, c’était encore moins évident pour le petit Daniel. Sa maman Rénate, originaire d'Hanovre, explique qu'elle devait passer beaucoup de temps à ses côtés pour qu'il termine ses devoirs. Il était très jouette et profitait de la moindre occasion pour filer avec son ballon. Daniel ne songeait qu'au football... Le « petit » Dan’ commence le foot à 8 ans, s’affiliant en 1986 au club de Froidchapelle, près de Chimay, où évoluait déjà son frère aîné.
Après des passages à l’Olympic Charleroi, Auvelais, RFC Somzée, c'est le Royal Charleroi Sporting Club qui recrute Daniel Van Buyten en 1997 avant de lui faire signer un contrat pro et le lancer dans le grand bain de la D1 l’année suivante... en attaque !
A l’époque, selon ses proches, même si Daniel n’a jamais peur de rien, il avait la réputation d'être un peu trop gentil. Le célèbre attaquant carolo Dante Brogno le lui avait d’ailleurs gentiment reproché lors d'un entrainement :
"Gamin ! Je connais Waseige (ndlr : le coach carolo à l’époque). Dans deux semaines, je te le dis, c'est toi qui vas jouer devant contre le RSC Anderlecht. Il t'aime bien mais faut que tu te fasses une carapace, sinon tu vas tomber de haut."
Même si Van Buyten ne joua finalement pas ce match, en raison d'une blessure, il reçut sa chance à plusieurs reprises au Sporting Charleroi durant cette première saison. Sa seule saison à Charleroi en fait, car il avait déjà tapé dans l’œil du Royal Standard de Liège. Même si son coach voyait en lui un joueur avec un gros potentiel, le club carolo n’aurait apparemment jamais rien fait pour le retenir... Son potentiel, il l'exploita donc surtout en bord de Meuse... en tant que défenseur central, sous les ordres de Tomislav Ivic. Au Standard, il évolua aux côtés de joueurs comme Vedran Runje, Liviu Ciobotariu, Rabiu Afolabi, Joseph Yobo, Roberto Bisconti, Guy Hellers, Jonathan Walasiak, Bernd Thijs, Folha, Ivica Mornar, Ali Lukunku et Michaël Goossens pour ne citer qu’eux.
Lors de sa première saison à Sclessin, Daniel joue la finale de la coupe de Belgique, le 14 mai de l’an 2000, mais échoue contre le Racing Genk de Daniel Kimoni, Hendrickx, Gudjonsson, Besnik Hasi, Skoko, Daerden et Zoran Ban notamment, entrainés par Johan Boskamp.
Partie 2 : Départ à l’étranger.
En 2001, considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du pays et désormais Diable Rouge, Daniel Van Buyten quitte le Standard de Liège et la petite Belgique pour rejoindre l'OLYMPIQUE DE MARSEILLE .
L'OM aura dû mettre de l’eau dans son vin (ou "pastis", c'est selon !) afin d'accepter de payer le montant réclamé par les liégeois pour le "géant de Chimay", ivre de bonheur de pouvoir signer dans le club de la Canebière. Les phocéens ont ainsi déboursé la coquette somme de 12 millions, ce qui à l’époque était un montant astronomique pour un défenseur de "Pils League"... mais un investissement bien ciblé qui allait étancher la soif de victoire des marseillais.
« Le Bayern Munich était intéressé, mais j'étais blessé au moment de quitter le Royal Standard de Liège. Et on ne voulait pas me faire signer sans avoir passé une visite médicale complète. Pourtant, avant de signer au Stade Vélodrome, je rappelle Hoeness (ndlr : le directeur sportif) pour être sûr qu'ils n'ont pas changé d'avis. Et là, il a cette phrase : "Partir de la mafia pour retourner dans la mafia, ce n'est pas le top". Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre : à l'OM, j'ai signé trois fois mon contrat, on l'a perdu deux fois... Bienvenue à Marseille ! »
Malgré cela, la carrière de Daniel Van Buyten prend une autre dimension chez les Phocéens. Daniel reprenait en quelque sorte le rôle d’un certain Laurent Blanc. Comme le français, Daniel marqua d'ailleurs quelques goals importants, aussi bien sur les corners grâce à un jeu de tête redoutable, que de plein jeu, apportant le surnombre en attaque en fin de rencontre lorsque cela était nécessaire... et notamment contre le PSG.
« Là-bas (NDLR : à Marseille), tous les joueurs que j'ai connus se sont fait cambrioler au moins une fois. Moi jamais. Les supporters m’ont expliqué pourquoi : j’avais marqué contre le PSG, j’étais tranquille... ».
Au niveau international, avec les Diables Rouges, Daniel inscrit également un goal crucial lors des qualifications pour la coupe du monde 2002 à Hampden Park en Ecosse : une tête à la 91e qui évitera de justesse une défaite qui aurait certainement scellé les espoirs de qualification des belges.
Au Vélodrome, Big Dan s'épanouit complètement...
« J'étais trop heureux à Marseille. J'avais une maison à Cassis avec vue sur mer. Pour la première fois, quand mes parents venaient me voir, ils étaient en vacances. Rien que pour voir mes parents heureux, j'aurais pu rester toute ma carrière à l'OM ».
Néanmoins, après trois années, près de 100 matchs et 15 buts, le « géant de Chimay » surprend tout le monde en quittant le sud de la France qui lui plaisait tant, et le brassard de capitaine, pour rejoindre Manchester City... en prêt !
Pour rappel, à cette époque, City était loin d’être le club qu’il est devenu par la suite grâce aux investissements des Emirats...
Daniel expliqua plus tard les raisons de cette décision surprenante :
« Quand Bernard Tapie est revenu à l'OM, en 2001, il a débarqué avec 12 joueurs et a renvoyé José Anigo chez les U21. Forcément, quand celui-ci est revenu aux affaires, il a savouré sa vengeance. Tous les joueurs qui étaient venus avec Tapie ont été appelés dans son bureau. À deux jours de la fin du mercato d'hiver, ça a été mon tour. J'étais capitaine, je venais de mettre dix buts, on était qualifié en UEFA, mais il me dit que je ne jouerais plus, que le coach ne voulait plus de moi. J'ai su par la suite que c'était faux, mais j'avais accepté l'échange proposé avec David Sommeil en allant à City [...]. Sans doute le seul mauvais choix de ma carrière ».
En Angleterre, même s’il eut l'occasion d'affronter Manchester United, Liverpool FC et Chelsea, le jeune défenseur belge ne joua finalement qu’un total de 6 matchs. Pour le reste, il dut surtout se contenter de regarder les matchs depuis les tribunes.
« Je n'étais pas prêt pour l'Angleterre [...]. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais refusé d'aller à Manchester United ou même la Juventus un an plus tôt », avoua-t-il par la suite.
Heureusement, son passage en Angleterre ne s’éternise pas. La même année 2004, Van Buyten rejoint Hambourg. Initialement, Daniel n’était pas très enthousiaste à l’idée de rejoindre le club hambourgeois (« hamburger » en allemand) mais pour le convaincre de signer, on lui avait sorti le grand jeu, en l’invitant notamment en loge lors d’un match contre le Borussia Dortmund. Et pas pour manger un Bicky moutarde ni une choucroute... non ! C'est à ce moment précis que des discussions au sujet du futur noyau furent entamées et motivèrent Daniel qui accepta l’offre du club allemand à la condition que le défenseur tchèque Tomáš Ujfaluši reste au club. Cela dit, une semaine après l’officialisation du transfert de Van Buyten, le directeur sportif lui annonça le départ du joueur tchèque...
« Sur le moment, j'ai pensé qu'ils me l'avaient faite à l'envers, mais ils ont été tellement "classes" par la suite que ça a compensé. Ils m'ont dit qu'ils allaient faire quelque chose qu'ils n'avaient jamais fait. Ils me donnaient le brassard et me permettaient de choisir le joueur qui remplacerait Ujfalusi. Il y avait différents profils présélectionnés, donc j'ai mené mon enquête avec mon agent et c'est le nom de Khalid Boulahrouz qui est ressorti.»
A Hambourg, Van Buyten s’intègre rapidement. Il faut rappeler qu’il parlait déjà la langue de Goethe (grâce à sa maman) avant même de débarquer dans le pays. Daniel se lia d’amitié avec Boulahrouz avec qui il avoua plus tard avoir formé la meilleure paire centrale de toute sa carrière :
« Je voulais un "agressif"... et je n'ai pas été déçu. J'avais envie d'aller à la guerre pour lui. Il était tout l'inverse de moi. Puissant, rapide, vif. On l'appelait le cannibale. Je lui disais : "attaque celui-là et il était parti". Moi, je prenais tout ce qui était aérien, je bouchais les trous dans son dos. Il récupérait, je contrôlais tout le reste. C'était extra... »
En deux saisons en Bundesliga (remportant au passage en 2005 l’ancienne coupe européenne Intertoto), Van Buyten se forge une solide réputation. Il attire ainsi à nouveau l’intérêt du Bayern Munich... qui l’engagera en 2006. Dans le même temps, son ami Bouhlarouz s’engage avec Chelsea. Partie 3 : L'aventure bavaroise
Dès sa première saison en Bavière, en 2006, et malgré la concurrence, Van Buyten s’impose comme titulaire. Il devient en effet le choix privilégié d'Ottmar Hitzfeld aux côtés du brésilien Lucio, reléguant ainsi Valérien Ismaël et Martin Demichelis sur le banc.
Toujours aussi redoutable dans le rectangle adverse, Daniel inscrit notamment deux goals en quart de finale de ligue des champions 2006-2007 contre l'AC Milan.
Tout se passe bien pour Daniel... sauf avec les Diables Rouges, qui échouent une nouvelle fois dans la course à la qualification pour l’Euro 2008.
« A l’époque, avec Timmy Simons, on se demandait parfois ce qu'on faisait là. Il n'y avait pas grand-chose de professionnel. Un exemple : il y avait du coca-cola à table et on pouvait même avoir des sandwiches ou des durums à 22h30-23h à la cantine. Quelqu'un de censé peut se faire plaisir, mais là, il y avait de l'abus. Et, à côté de ça, on nous demandait, à nous, les leaders de ce groupe, de faire des résultats... Globalement, c'est une spirale infernale parce que tout le monde sait que les résultats amènent la bonne humeur. À l'inverse, tant que vous ne gagnez pas, vous allez toujours être critiqué. À tous niveaux. Du coup, le climat était lourd, les joueurs le ressentaient. Et oui, il y a eu des dissensions entre Wallons et Flamands, mais c'étaient surtout les médias qui créaient ça. Puis, comme par hasard, au moment où tu réalises des résultats, tout ça disparait. Parce que dans un groupe compétitif, les frontières disparaissent.»
Si les résultats des Diables Rouges n’étaient pas très folichons (c’est le moins que l’on puisse dire !), ce sont les Diablotins qui rendirent des couleurs au blason belge en accédant à la demi-finale des Jeux Olympiques en 2008. La génération dorée commençait à pointer le bout de son nez... et de ses pieds !
Dès la nomination du sélectionneur Dick Advocaat à la tête des Diables en 2009, celui-ci convoque directement Daniel dans son bureau :
« Thomas Vermaelen est invité aussi. Je me doute que c’est pour parler du brassard et je suis confiant. J’ai retrouvé une certaine régularité chez les Diables après avoir connu des périodes un peu compliquées. Je ressens moins de pression. Je me sens bien dans le groupe. Dans le noyau, personne n’a mon palmarès. Et les médias flamands ont arrêté de me taper dessus pour le plaisir ! Advocaat commence à parler… Il dit qu’il veut un renouveau. Parfait ! Il continue en expliquant qu’il a choisi Vermaelen comme capitaine. Le ciel me tombe sur la tête. Je suis à deux doigts de quitter la pièce. J’attends quand même qu’il se justifie. Officiellement, son choix s’explique par une question de langue : il ne parle pas français, alors il estime que c’est compliqué de désigner un capitaine francophone. Ouais, c’est ça… Je me sens ridiculisé. Il me prend pour un gamin. Une fois de plus, je me suis fait avoir. Eden ne comprenait pas non plus visiblement mais le vestiaire était clairement divisé. »
Dick Advocaat ne restera finalement que très peu de temps au poste, abandonnant le navire qui prenait l’eau pour reprendre du service un peu plus au Nord, du côté de l’AZ Alkmaar.
Il sera remplacé par le bon vieux capitaine Georges Leekens, qui redressera petit à petit la barre, et réalisant 90% du travail... du moins, selon ses dires !
Répondant à la question de savoir s’il lui était déjà arrivé ou non de penser à arrêter sa carrière internationale, Daniel expliqua qu’il y avait vaguement songé mais que cela n’avait jamais été plus loin :
« Parce que même si ça a parfois été dur, j'ai toujours été fier de jouer pour la Belgique. Ne fût-ce que pour mes parents. Ça me fait penser à une anecdote : Un jour, je croise Joachim Löw dans une soirée. Il était encore adjoint de la Mannschaft à l'époque. On est en 2005, à un an du Mondial allemand, et il me dit : Mais pourquoi tu ne te fais pas naturaliser ? »
C’était évidemment impossible, étant donné que Daniel jouait déjà depuis longtemps pour les Diables, mais c’était vraisemblablement sa manière de lui faire comprendre qu’il jouait dans une sélection qui ne le méritait pas !
« [...] Un top chef, si tu l'entoures de gars qui viennent de terminer l'école, il ne va pas sortir ce qu'il peut faire habituellement. Parce qu'il est en retard, qu'il doit repasser derrière, etc. Le foot, c'est un sport collectif. Ce qui fait la différence, ce sont les automatismes [...]. Sous Anthuenis et Vandereycken, à chaque rassemblement, il y avait dix nouvelles têtes. On ne construisait rien, on repartait de zéro à chaque fois. Le football, ce n'est pas taper dans un ballon et courir derrière [...]. Tu affrontes des joueurs de Bosnie, de Croatie ou de Serbie… tu vois qu’ils ont connu la guerre. Et pendant ce temps-là, chez nous, c’est le Club Med. Je suis dégoûté. Les entraînements sont légers... rien à voir avec ce que je connais en Allemagne. À Hambourg ou au Bayern, si un joueur ose se plaindre parce qu’un coéquipier l’a taclé, le coach le remet à sa place : 'Mets des jambières la prochaine fois.' Quand on rentre au vestiaire après un entraînement avec les Diables, beaucoup de joueurs sont contents : 'On a bien bossé aujourd’hui.' On s’est promenés pendant une bonne heure, ça ne ressemblait à rien mais ils ont l’impression d’avoir tout donné. J’hallucine. Parfois, je regarde Timmy Simons qui se défonce à l’entrainement, à en vomir. Il sait ce que c’est depuis qu’il a quitté la Belgique. On se fait un clin d’œil pour se dire : Mais c’est pas vrai… Comment tu veux qu’on se qualifie ? »
Du côté du Bayern, Daniel continue à jouer régulièrement au fil des saisons, même si selon les mauvaises langues, il profite surtout des blessures de ses concurrents.
Néanmoins, l’arrivée de Louis Van Gaal en 2009 lui permet de redevenir un élément indispensable de l’effectif bavarois.
Il remporte son deuxième titre de champion et joue également la finale de la ligue des champions... qu’il perd contre l'Inter de Milan d’un certain José Mourinho.
Malheureusement, la saison suivante est moins bonne pour Daniel. Le Bayern encaisse beaucoup trop. Les critiques lui tombent dessus et la chaîne de télévision allemande ZDF va même jusqu’à déclarer que « Van Buyten est agile comme un lampadaire » !
Son temps de jeu diminuera saison après saison, les blessures ne l’épargnant pas. En 2012, une fracture du métatarse le tient éloigné des terrains durant deux mois. S’ensuit alors une course contre la montre, objectif ligue des champions. En effet, le Bayern a des ambitions... et Daniel aussi ! Quelques semaines plus tard, les bavarois se retrouvent d’ailleurs une nouvelle fois en finale... et Van Buyten fait partie de la sélection. Il ne figure pas dans le 11 de base au coup d’envoi, mais rentre au jeu à la 87e, alors que le marquoir indique le score de 1-0 pour les allemands. Malheureusement pour Van Buyten et le Bayern, l'inévitable Didier Drogba égalise quelques secondes plus tard sur corner. Et c'est finalement Chelsea qui s’imposera lors de la très cruelle séance des tirs au but. Une victoire des anglais qui, pour l’anecdote, aura fait pencher la balance dans le cœur d’un certain Eden Hazard qui signera à Stamford Bridge avec l’ambition de remporter lui aussi la coupe aux grandes oreilles avec les blues...
Partie 4 : suite et fin.
Malgré un temps de jeu très limité, Van Buyten rempile au Bayern Munich. Une décision judicieuse puisque le Bayern atteint une nouvelle fois la finale de la coupe aux grandes oreilles en 2013. Et même si Daniel ne montera pas au jeu, ce troisième essai sera enfin le bon pour le Bayern qui s’impose contre son grand rival national, le Borussia Dortmund.
En sélection nationale , la nouvelle génération des Diables Rouges s’est tout doucement installée, reprenant la main (ou les pieds, c’est selon) à une génération peu glorieuse.
Nos jeunes talents laissent ainsi entrevoir toute l’étendue de leur talent et parviennent enfin à qualifier la petite Belgique pour un grand tournoi, une première depuis 2002 !!!
12 ans après le Japon et la Corée, les pti’ belges sont donc qualifiés pour la coupe du monde 2014 au Brésil. Daniel sera le seul joueur du groupe avec une expérience d'un mondial, Timmy Simons n’étant finalement pas sélectionné par Marc Wilmots (malgré sa présence aux matchs de qualification et la promesse que le sélectionneur lui avait pourtant faite).
La suite, vous la connaissez : les Diables Rouges sortent des poules après avoir battu par le plus petit écart l’Algérie , la Russie et la Corée du Sud . Ensuite, en 8e, ils éliminent les Etats-Unis au terme d’un match palpitant et après prolongations... avant de tomber sur un os en quart de finale : l’Argentine de Lionel Messi.
Inutile de revenir sur ce triste épisode, je présume que cette élimination est encore difficile à digérer pour certains d’entre vous.
Ce le sera en tout cas pour plusieurs Diables dont Daniel, qui à 36 ans, décida de mettre un terme à sa carrière internationale (83 matchs, 10 goals).
Quelques semaines plus tard, et malgré les sollicitations de plusieurs clubs, il prit la décision de raccrocher définitivement les crampons. Parmi les clubs intéressés, Naples, l’Olympiakos, la Roma, l’Atletico Madrid, Marseille, Hambourg (rien que cela !) ... et le RSC Anderlecht, qui avait déjà tout préparé pour accueillir Big Dan... en vain ! Son choix était fait : Van Buyten souhaitait consacrer plus de temps à sa famille et tout arrêter.
Une longue et magnifique carrière au bout de laquelle il n’aura eu en définitive qu’un seul véritable regret : cette élimination avec les Diables contre l’Argentine.
« Je rejouerais bien ce match contre l'Argentine en 2014, en quart de finale du Mondial au Brésil. On devait les battre. Malheureusement, je crois qu'il y a eu trop de respect dans l'approche du match. On entendait les noms : Messi, Di Maria, c'était ronflant et j'ai vu des étoiles dans les yeux de certains jeunes Diables... Après coup, Demichelis m'a dit que dans le vestiaire argentin, ils ne faisaient pas les fiers avant le match, qu'il avait senti une forme d'angoisse ! La vérité, c'est que les Argentins avaient peur de nous avant le coup d'envoi, mais qu'on leur a donné le bâton pour se faire battre. Au lieu de les enfoncer dans leurs doutes, on leur a donné la confiance, sans jamais parvenir à les faire douter. Ne fût-ce que dans le tunnel avant de monter sur le terrain. Il faisait 30 degrés, je sentais qu'on était un peu à plat. La pression, ça se met d'entrée. Tacler un mec pour le blesser, je ne l'ai jamais fait. Mais pour lui faire comprendre que j'étais là et qu'il allait passer un sale quart d'heure, ça oui. Ensuite, tu le relèves et tu lui remarches gentiment sur les pieds. C'est parfois comme ça qu'on gagne un match. Ce sont plein de petits vices que tu développes avec l'expérience. Ce que les Argentins ont très bien fait contre nous et que nous n'avons pas réussi à faire. [...] Wilmots, il était fort pour aller chercher les tripes. Mais contre l'Argentine, tu n'en as pas besoin, tu as suffisamment faim. Une bonne causerie, c'est utile dans les petits matchs, pour te reconcentrer. Moi j'aimais bien la façon de faire d'un Guardiola. Il laisse rentrer tout le monde calmement et il vient 5 minutes avant la reprise. Beaucoup d'entraîneurs font l'inverse. Ils te crient dessus pendant cinq minutes puis ils te laissent souffler mais les joueurs, quand ils rentrent, n'ont qu’une envie, c'est de respirer et de s'hydrater, peut-être d'aller aux toilettes. Puis après seulement, tu es prêt pour écouter. Il y en a d'autres, ça dure 20 minutes et c'est tout le temps la même chose. J'ai vu des joueurs dormir en causerie. Véridique ! Avec Guardiola, parfois, ça durait 30 secondes, mais il utilisait les bons mots, il trouvait le bon exemple. Il avait cette magie qui était capable de me donner la chair de poule. J'avais envie de m'arracher pour lui.»
Lorsqu’on lui demanda par la suite quel fut son meilleur souvenir, il répondit ceci :
« Ma fierté, c'est que je suis arrivé à 28 ans au Bayern et que j'y ai été un pion important jusqu'à mes 36 ans. J'y ai gagné 16 trophées en 8 ans, j'ai joué deux des trois finales de C1. Mes débuts ont été plus compliqués, c'est vrai. Sous Jürgen Klinsmann notamment. C'est la période où j'ai le moins joué. Ribéry me disait que c'était injuste parce que je bouffais Lucio et Demichelis à l'entraînement et dans les tests physiques, mais voilà, je n'avais pas la confiance du coach. »
Effectivement, le football est ainsi fait.
Et ce fut pareil lorsque Guardiola reprit les rênes de l’équipe bavaroise l’été 2013 :
« [...] à la base, je ne faisais pas partie de ses plans. Lui voulait relancer propre de derrière et avait été très clair à mon sujet au moment de faire le point avec Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge : il ne comptait pas sur moi. Eux lui ont rétorqué : "Non, lui il reste et tu comprendras pourquoi dans trois mois. Parce que tu pourras compter sur lui toute la saison. À tous les matchs, tous les entraînements. Tu verras, tu tomberas sous le charme." C'est Pep lui-même qui m'a raconté cette anecdote. Physiquement, cette saison-là, j'ai tout donné. Je termine d'ailleurs premier à égalité avec Alaba devant Müller, Robben et Ribéry aux tests physiques. Et, à la relance, j'ai progressé énormément. Le truc, c'est qu'il nous faisait passer tellement de temps à s'entraîner dans les espaces courts que quand tu joues sur un vrai terrain, tu as l'impression de voir de l'espace partout. Au début, j'ai eu dur. J'étais souvent au milieu dans les toros, par exemple. Mais c'est un entraînement. Après un mois ou deux, je demandais la balle dans les pieds de Neuer. Je n'avais plus de crainte. J'étais devenu un joueur de Guardiola. »
Voilà qui ponctue de bien belle manière cet article consacré à la carrière de l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire du football belge... mais ce n’est pas vraiment terminé car après avoir raccroché les crampons, Daniel ne s’est finalement pas éloigné très longtemps du monde du football :
Le 24 septembre 2015, il devint conseiller sportif du Président Bruno Venanzi au Standard de Liège. L’aventure prend fin le 13 février 2017, la situation étant tendue avec Olivier Renard (...)
Depuis, Daniel a surtout officié en tant qu'agent de joueurs, un poste qui le tient à cœur. Parmi ses protégés, Antoine Colassin et Sebastiaan Bornauw.
Au moment d'écrire ces lignes (en juin 2020), Daniel est également cité comme futur directeur sportif de l’Olympique de Marseille, la bonne mère !
Même si le deal est loin d’être signé, la carrière de Van Buyten dans le monde du ballon rond semble loin d’être terminée !
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