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La machine brugeoise

Dernière mise à jour : 29 sept. 2020

Un rouleau compresseur ne se fabrique pas à la petite semaine. Il y a plusieurs explications à la domination du Club de Bruges actuellement.

Le Club veut le meilleur sur tous les plans, le top du top. Par exemple au niveau de ses infrastructures. Le nouveau centre d'entraînement, qui a coûté une quinzaine de millions, est une belle illustration de ce constat. Et le nouveau stade sera dans la même veine, hyper moderne. La direction analyse ce qui se fait aux États-Unis. Ce sera un lieu de vie, de plaisir, de distraction, de rencontres, de socialisation. Même si les dirigeants sont bien conscients que la culture des supporters européens n'est pas tout à fait comparable à celle des fans de sport aux USA. On imagine mal un supporter belge rester dans un lounge pour la deuxième mi-temps d'un match, histoire de discuter le coup et de se rassasier, avec un œil distraitement rivé sur un grand écran retransmettant la rencontre. Nos hommes d'affaires ne sont pas non plus dans cette logique.

Mais le président Bart Verhaeghe et son bras droit commercial Bob Madou analysent tout de même attentivement ce qui se fait ailleurs, essentiellement de l'autre côté de l'Atlantique, d'autant que la MLS est en pleine bourre. Le grand patron veut innover, il entend faire de chaque match du Club un entertainment de haut vol. Pour lui, un match ne peut plus se résumer à deux périodes de trois quarts d'heure. Il pense, notamment, à faire venir les gens plus tôt. Mais dans le stade actuel, dépassé et vétuste, ce n'est imaginable.

Le nouveau stade pourra accueillir 40.000 personnes. Il coûtera plus de cent millions d'euros et il devrait être opérationnel durant l'année 2022. Il devrait permettre au Club de réorienter ses revenus à partir de 2024.

En droits de retransmission, Bruges touche aux alentours de sept ou huit millions par saison depuis quelques années. Avec le nouveau contrat, cela devrait dépasser des onze millions.

À côté de ces recettes nationales (abonnements, billetterie, sponsors belges et droits télé), il y a les revenus supranationaux comme l'argent reçu pour les campagnes européennes. Sur les trois dernières saisons (on n'a pas encore les résultats de 2019-2020, que l'UEFA doit encore communiquer), le Club a encaissé près de cinquante millions en primes et droits télé. Il faut y ajouter les recettes de billetterie et déduire les primes pour les joueurs et les frais de déplacement. Se maintenir à un bon niveau sur la scène européenne est crucial pour continuer à progresser. Et la progression financière du Club dans le temps est frappante. Il y a dix ans, le club de Bart Verhaeghe réalisait un chiffre d'affaires compris entre 25 et trente millions. Dans le dernier bilan, clôturé le 30 juin 2019, il est passé à 71,5 millions. Dans la rubrique "Ventes et prestations", on peut constater un montant de 93 millions. Etant donné les transferts sortants conclus durant l'été de l'année passée et le parcours en Ligue des Champions, le montant franchira à coup sûr le barre des cent millions dans le prochain bilan. Les finances du Club sont au beau fixe.

Les opérations de transferts sont une autre variable à intégrer dans la comptabilité et la progression financière. Avoir une bonne équipe et des individualités d'un bon niveau, ça rapporte automatiquement de l'argent si on a su acheter de bons jeunes et conclure des deals intelligents. Pour n'importe quel club belge, il est impératif de générer une plus-value dans ce domaine. Et pour Bruges, l'été 2019 a été exceptionnel avec plus de cinquante millions de rentrées pour Denswil, Danjuma, Nakamba et Wesley notamment. En janvier, il y a encore eu les départs de Cools et Amrabat. Même si dans le cas de ce dernier, c'est surtout Vérone qui a fait une affaire en or. Le Hellas a levé l'option d'achat à 3,5 millions et directement revendu le joueur à la Fiorentina pour 20 millions. Ce n'est pas un coup dans l'eau : c'est le jeu et le marocain était barré dans l’entrejeu brugeois plus que fourni.

Tous ces chiffres sont bruts et ne correspondent pas souvent au montant qui reste effectivement dans les caisses. Laisser partir des joueurs implique d'en attirer d'autres. Cela demande des investissements en scouting et en indemnités de transferts. Bruges a quand même dépensé 35 millions depuis l'été passé. David Okereke a coûté environ 8 millions, Simon Mignolet 7 millions et Michael Krmencik 6 millions, et il sera difficile de dégager une plus-value avec ces deux derniers étant donné leur âge.

Avec un total de 28 sponsors, le Club est également très à l'aise et ne risque pas de souffrir des répercussions de la crise sanitaire. Il a une base de 276 000 fans, un carnet de 170 000 adresses mail et un nombre très important de followers sur Facebook, Instagram et Twitter. Pour les parraineurs, ça compte. Et la direction a déjà annoncé qu'elle aurait de la compréhension pour des sponsors qui auraient éventuellement du mal à honorer leurs obligations à cause de la crise sanitaire. Des solutions pourront être envisagées pour chaque problème financier. La devise, c'est de conserver tout le monde à bord.

Le noyau est de très bonne qualité, il y a un potentiel de croissance, un centre d'entraînement de pointe, une formation toujours plus performante, un très large soutien populaire et une base importante en sponsoring. Et puis la structure financière est saine, comme à Gand, Genk et Charleroi. Pendant ce temps, le reste de la meute est en phase d'investissement (Antwerp) ou confronté à des dettes colossales (Anderlecht et Standard). Sur le marché belge, le Club semble donc être bien parti pour rester leader un bon moment.

En outre, Bruges a une réputation de bonne gouvernance et l'a encore entretenue ces dernières semaines. Le personnel, les joueurs et le staff n'ont pas été mis au chômage malgré la crise. Cela aura un coût pour la direction, mais elle espère que cela paiera car elle a une vision à long terme et peut décemment se le permettre. Si, demain, des joueurs doivent choisir entre un club qui réduit les salaires en temps de crise et un autre qui continue à honorer ses obligations, le choix serait vite fait. Il faut du temps pour se construire une bonne réputation... mais se débarrasser d'une mauvaise image également !


Un texte réadapté de Peter T'Kint

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