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Qui est Julian Nagelsmann ?

Photo du rédacteur: Ronald Vander MarenRonald Vander Maren

Retour sur le parcours atypique du jeune coach à succès de Leipzig :


Contrairement à la grande majorité des coachs professionnels, Julian Nagelsmann n’a pas évolué au plus haut niveau en tant que joueur. Formé à Augsbourg, il est transféré en 2002 à Munich 1860. Lors de la saison 2006-2007, il intègre l’équipe réserve mais ne dispute aucune rencontre en raison de blessures récurrentes. La saison suivante, il retourne au FC Augsbourg, l’équipe entrainée à l’époque par un certain Thomas Tuchel…

Malheureusement, après une deuxième opération au genou, le jeune Julian est contraint de raccrocher les crampons. Il n’a alors que 20 ans. Néanmoins, Julian n’abandonne pas le foot et analyse toute une série de matchs pour Tuchel, qui décèle en lui toutes les qualités d’un futur manager. Déterminé, Nagelsmann se fait les dents durant plusieurs années à la tête d’équipes de jeunes, avant d’atterrir en 2010 à Hoffenheim. En octobre 2015, il devient coach des U19 du club.

Le projet initial était qu’il devienne le coach de l’équipe A d’Hoffenheim la saison suivante, après le départ d’Huub Stevens, mais celui-ci démissionne en février 2016 pour des raisons médicales et les dirigeants décident alors de confier directement les rênes de l’équipe à Julian Nagelsmann, alors âgé de 28 ans. A titre de comparaison, la moyenne d’âge des techniciens allemands est souvent supérieure à 45 ans.

Hoffenheim est classé à la 17e place en Bundesliga, à 5 points du premier non-relégable qu'est le Werder Brême.

"Je relève un sacré défi que la situation actuelle de l'équipe au classement alourdit bien sûr encore. Mais cela ne me fait pas peur du tout. Je suis prêt !", avait-il alors déclaré d’un ton confiant mais néanmoins très lucide.

Et pour preuve : Hoffenheim remporte 7 de ses 14 derniers matchs et se sauve in extremis, terminant la saison à la 15e place. La saison suivante, après des débuts en mode mineur (4 matchs nuls lors des 4 premières rencontres), Nagelsmann et son équipe enchaînent les victoires jusqu’à la 18e journée où ils sont défaits 2-1... sur le terrain de Leipzig. Même si Hoffenheim ne compte pas réellement de joueurs « réputés », cette modeste équipe arrachera même un match nul sur le terrain du grand Bayern de Munich… avant de battre ces mêmes bavarois 1-0 quelques mois plus tard à domicile.

Mieux encore, Hoffenheim est l'équipe qui a réalisé la plus longue série de matchs sans défaite… des six grands championnats. Depuis que Nagelsmann a repris l'équipe, seuls le Bayern et Dortmund prennent plus de points qu'Hoffenheim sur la saison écoulée.

Julian Nagelsmann est élu entraîneur de l'année 2016. Il a réussi à sublimer le jeu d'Hoffenheim en adoptant une tactique résolument offensive et en proposant un jeu propre et léché, proche de celui d'un Jürgen Klopp, mais avec une petite touche de "football total" façon Thomas Tuchel.

A l’issue de la saison 2016-2007, il permet au club d'Hoffenheim de décrocher une magnifique 4e place et d'accéder ainsi pour la première fois de son histoire aux barrages de la Ligue des champions.

Même si Liverpool éliminera finalement Hoffenheim lors de ces barrages, la saison suivante est plus belle encore avec cette fois à la clé une 3e place au classement final de Bundesliga, synonyme de qualification directe pour les groupes de la prestigieuse et très lucrative coupe aux grandes oreilles.

Le 19 septembre 2018, contre le Shakhtar Donetsk, Nagelsmann devient le plus jeune entraîneur à diriger une équipe en Ligue des champions.

Entretemps, le jeune coach à succès est annoncé au RB Leipzig pour la saison 2019-2020, qui connait une ascension aussi impressionnante en tant que club que celle de Nagelsmann en tant que coach. Le "matching" parfait !

Le 10 mars 2020, après sa victoire en huitième de finale contre le club anglais de Tottenham, Julian devient le plus jeune entraîneur de l'histoire à passer un tour en phase d'élimination directe de la Champions League.

Le 13 août 2020, son club continue d’étonner en éliminant en quart de finale l'Atletico Madrid, qui avait fait tomber Liverpool au tour précédant. Pour Nagelsmann, c'est un nouveau record encore : il devient le plus jeune entraîneur de l'histoire à accéder à une demi-finale de Champions League (33 ans), détrônant ainsi un certain José Mourinho, le coach de Tottenham. Comme une passation de pouvoir entre un vieux briscard au palmarès bien rempli mais qui n’a plus atteint les quarts de finale de la compétition reine depuis 2014, et son jeune successeur qui connait une ascension fulgurante.


La comparaison est tentante : ni l'un ni l'autre n'a été un grand joueur de football, et très tôt, ils sont devenus de grands coachs… mais cela s’arrête déjà là. En effet, Nagelsmann propose un style de jeu complètement différent et bien plus offensif.

En outre, Nagelsmann a également la réputation d’être féru de données numériques : il récolte et analyse toutes sortes d’informations via plusieurs programmes informatiques susceptibles de décrire en temps réel la condition physique de ses joueurs, que ce soit à l’entrainement ou en match par exemple. Ainsi, durant la préparation, le stratège allemand avait dispensé des entrainements très « durs » afin d’habituer ses ouailles au rythme effréné des matchs de coupe d’Europe. Cela lui permet en outre de leur demander tant et plus sur le terrain : vitesse, mobilité et pressing.


Nagelsmann va plus loin encore que Jurgen Klopp et son "Gegenpressing" : s’il s’inspire du manager de Liverpool en ce qui concerne la discipline, la relation de confiance tissée avec son groupe et des discours fédérateurs, il préconise plutôt une récupération rapide du ballon en pressant l’adversaire via des déplacements plus réfléchis, sans forcément aller au duel.

En possession de balle, il a travaillé plusieurs systèmes offensifs basés sur les reconversions très rapides en combinaisons afin de déstabiliser les défenses adverses.

Il prône avant tout un football dominant, sur un rythme soutenu et plus direct que celui de Guardiola, parfois trop latéral à son gout. Tout est pensé et repensé. Il cherche à renouveler constamment ses séances d’entrainements et à surprendre ses joueurs. Rien n’est laissé au hasard.


Considéré depuis longtemps comme un crack, Nagelsmann possède de solides bases tactiques, dont il tire certains préceptes de son écolage sous Thomas Tuchel. Il surprend par son intelligence et sa précocité.

Certains n’hésitent pas à affirmer qu’il serait même tactiquement supérieur à Pep Guardiola. D’autres, comme Lothar Mattaus par exemple, en faisaient déjà le futur entraineur du Bayern de Munich, qu’il a déjà battu en championnat, mais n’affrontera cependant pas en finale de Champions League.


En effet, comme toute bonne chose a une fin, Leipzig a été sorti en demi-finale après une défaite 3-0 par le PSG... le PSG d’un certain Thomas Tuchel, l’ancien coach et mentor de Julian qui l’avait encouragé à devenir entraineur il y a une dizaine d’années, là où tout a commencé pour lui.


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