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L'art du tifo

Photo du rédacteur: Ronald Vander MarenRonald Vander Maren

A la frontière entre le street art et le fanatisme...

Aux antipodes des rumeurs de transferts ou des articles à sensation évoquant les nouvelles conquêtes et autres frasques extra-sportives de nos stars du ballon rond, laissez-moi vous parler aujourd'hui des acteurs « passifs » du football, ceux qui font vivre ce sport depuis les tribunes.

Outre les chants et les applaudissements durant chaque rencontre, les supporters participent également à la fête, notamment avant le coup d’envoi du match, en exposant durant quelques minutes au grand public le fruit d’un travail demandant souvent plusieurs jours de préparation : les tifos !

Le tifo est né en Italie à la fin des années 1960, simultanément à la création des mouvements « Ultras ». Le terme nous vient du verbe italien « tifare » qui veut dire « supporter ». Il concernait à l'origine l'ensemble des animations vocales et visuelles réalisées au stade par les supporters.

Il a ensuite été utilisé pour qualifier les supporters italiens (« tifoso » ou « tifosi » au pluriel).

Cette tradition italienne a gagné l’Angleterre avant de s’étendre dans le reste de l’Europe puis de traverser les océans... et les générations.

Aujourd’hui, on utilise généralement ce terme pour désigner « l’animation », le spectacle visuel et sonore qu’offrent les supporters lors de l’entrée des joueurs sur la pelouse, grâce à l’utilisation de banderoles, d’écharpes, bâches, papiers colorés, cartons, etc.

La raison d’être de ce type d’animation est généralement de colorer les tribunes, de faire resplendir la ville, le club, le blason, la tribune voire le groupe de supporters en tant que tel.

La qualité, l'originalité, l'audace et la régularité des tifos sont primordiales dans l'image que donnent les groupes d'eux-mêmes. Ils veulent se démarquer et en même temps, marquer les esprits… Les occasions sont diverses : matchs à enjeux sportifs, historiques, rivalité entre groupes ou tribunes, date-anniversaire, etc.

Le tifo inaugure le match des tribunes et les chants des supporters. Il s’apparente à un tableau géant, mélangeant les couleurs, les formes et les techniques de fabrication le cas échéant, comme pour les tifos peints ou papiers.

Les tifos peints s’apparentent à la culture urbaine du graffiti, le principe étant de coudre ou d’accrocher plusieurs grandes bâches entre elles, d’y ajouter un dessin et de le remplir à la peinture. Ce travail peut prendre jusqu’à 5 jours en amont du match, ainsi que plusieurs heures de préparation et installation avant le coup d’envoi.

Les tifos papiers nécessitent, quant à eux, une organisation encore plus rigoureuse et sans faille. À partir d’un plan du stade, après réalisation d’un croquis, il convient de répartir des feuilles de papier de plusieurs couleurs sur tous les sièges des tribunes et d’inciter chaque spectateur à les lever à un certain moment, de manière synchronisée, afin que la composition prenne vie...

Ce type de tifo est comparable au mouvement du divisionnisme (ou pointillisme) dans le monde de la peinture. Au même titre qu’une mosaïque, il est composé d’une multitude de petites tâches colorées qui, à une certaine distance, représentent une gigantesque fresque.

Autrefois, ce genre de représentations restaient figées, mais depuis quelques années, on a assisté à l’émergence de tifos en mouvement, avec un côté éphémère qui rend la création encore plus rare et le rendu grandiose.

Cette forme d’art n’est plus un tableau que l’on se contente d’admirer, de contempler. Nous ne sommes plus passifs face à ce type d’œuvres d’art qui proposent une véritable interaction, en l’occurrence avec les supporters de la tribune qui créent l’animation et le mouvement initialement pensé.

L’art et les tifos n’ont plus de limite de taille. Ils n’ont plus non plus de limite de forme. A l'heure actuelle, ils parviennent à se digitaliser, comme ce fut le cas par exemple au Portugal grâce à des tablettes...

L'art et les tifos n’ont pas non plus de limite de fond, à l’image des tifos papiers, qui une fois retournés, changent complètement l'apparence de la mosaïque.

Les tifos représentent également un moyen pour les fans de se faire entendre, de faire passer certains messages le cas échéant...

Malheureusement, certains tifos, aussi magnifiques soient-ils dans la forme, au niveau de leur conception, ne sont pas toujours très « corrects » dans le fond.

Rappelons-nous notamment la polémique autour du tifo des Ultras Inferno du Standard de Liège dans le « classico » contre Anderlecht : une bâche représentant l’ancien joueur et capitaine rouche Steven Defour, décapité (« red or dead »), car il était passé dans les rangs du club bruxellois, grand rival historique des liégeois.









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